La paix aurait pu être une fleur sauvage
pareille aux fleurs des champs
que nul ne sème ni ne moissonne.
La paix aurait pu être une de ces fleurs des prés
que l'on trouve toute faite un beau matin
au bord d'un chemin,
au pied d'un arbre,
ou au détour d'un ruisseau !
Il aurait suffi de ramasser la paix
comme on ramasse les champignons
ou comme on cueille la bruyère
ou la grande marguerite.
Au contraire
la paix est un travail, c'est une tâche.
Il faut faire la paix
comme on fait le blé.
Il faut faire la paix
comme il faut des années
pour faire une rose,
et des siècles pour faire une vigne.
La paix n'existe pas à l'état sauvage :
il n'y a de paix qu'à visage humain.