Homélie du Jour de Noël 2025

 Homélie Jour de NOËL 2025

Cathédrale hors les Murs

« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous »

Quel mystère ! Quelle grâce ! Et quel amour !

Dieu parlait au peuple depuis des siècles. Il s’était manifesté de bien des manières au Peuple choisi, ce peuple qu’Il avait fait sortir d’Égypte, ce Peuple élu. Mais, lorsque les temps furent accomplis, (pour nous, c’est il y a un peu plus de 2000 ans), cette parole de Dieu distillée au long des siècles, s’est faite « événement ». Le Verbe, la Parole de Dieu s’est faite chair en Jésus-Christ.

Et nous commémorons cet événement en cette nuit de NOËL. Là où certains ne voient qu'une naissance ordinaire dans un lieu insolite, notre regard est invité à gagner en profondeur et en hauteur. Ce que nous avons là devant les yeux contient un mystère d'éternité. Notre propre mystère. 

« Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. »

C’est le grand message de NOËL. Dans l’Enfant, que nos rites et notre liturgie placent symboliquement dans la crèche, c’est vraiment Dieu qui rejoint les hommes. Le Ciel se penche sur notre terre et vient nous sauver.

Les prophètes l’avaient annoncé et Jean-Baptiste l’avait, de ses yeux, vu sur les bords du Jourdain et il s’était déclaré « indigne de défaire les lacets de ses sandales » !

Frères et sœurs, il nous faut être aujourd’hui des Jean-Baptiste qui voient et qui annoncent, à temps et à contre-temps, cette venue mystérieuse du Christ en notre chair. C’est tellement mystérieux !

Récemment, sur RCF, une jeune femme témoignait qu’un jour de Noël, alors qu’elle était allée chanter dans une prison, un détenu, assis sur le premier rang, s’est soudain agenouillé et des larmes coulaient sur ses joues lorsqu’elle a entonné : « Aujourd’hui dans notre monde le Verbe est né ». La vision de cet homme « bouleversé », l’a, à jamais, marquée et a été le point de départ de sa rencontre avec Jésus, dans un cœur à cœur de prière qui ne la quitte plus. Dieu s’est fait homme pour que nous le rencontrions, à l’intérieur de nous-mêmes, parce qu’Il s’est fait si proche de nous. Il épouse notre condition humaine pour nous sauver du dedans de nous-mêmes. Il ne vient pas seulement « caresser » notre humanité. Il la prend totalement en Lui et devient comme vous et moi, fils d’homme. Et il reste Fils de Dieu ! Il est le bien-aimé du Père.

Il est venu de nuit. Et il continue.

Il vient dans les nuits de la guerre et de la terreur qu’elle répand !

Il vient dans les détresses qui étreignent nos vies et dressent un mur d’inquiétude face à l’avenir.

Il vient se faire proche de nos doutes, de nos chemins de traverse, de nos vies aux rythmes un peu fous qui créent souvent comme un vide en nous.

Si Dieu vient humblement rejoindre nos fragilités, Il n’est pas pour autant sans force, ni sans puissance. Tous, nous avons constaté un jour, qu’il y a dans ce « tout-petit-enfant », comme une force insoupçonnée. Peut-être justement, parce qu’Il vient à nous désarmé, c’est nous qu’Il vient désarmer. Devant cet enfant, voilà que peut monter en nous une étrange émotion, une tendresse émerveillée, une belle attention devant ce cadeau qui nous est confié.

La force de cet enfant de la crèche, c’est de réveiller en nous le meilleur de nous-mêmes.

Cet enfant se livre entre nos mains : Il ouvre les cœurs, opère des miracles, redonne un cœur de chair. Corps livré pour nous, comme nous le disons à chaque messe, pour devenir nous aussi son Corps, sa chair, son amour en ce monde.

Avec Lui, nous sommes invités à prendre SOIN de ce monde et de cette terre venue par lui à l’existence ! Couché dans une mangeoire, Il vient en nous tendant les bras !

« Et le Verbe s’est fait Chair et Il a demeuré parmi nous » : sa gloire est remplie d’humilité avec un fond d’amour illimité. (John-Henri Newman) Le Christ nous invite à nous placer sous sa lumière et à nous laisser éclairer par Lui dans nos choix de vie ;

Il nous invite à Le laisser venir faire sa demeure en nous. En restant à l’écoute de Sa Parole, en communiant à Son Corps livré, en prenant le temps de l’intériorité et de la prière pour naître de Lui.

Il nous invite à devenir enfants de Dieu, Ses frères et frères et sœurs les uns des autres. C’est le Bienheureux Christian de Chergé, qui dans une homélie de Noël à Tibérine, avait eu cette parole, si belle : cette nuit, le Verbe s’est fait frère ! Au plus fort de la nuit humaine, Dieu a choisi d’entrer en fraternité avec nous.

Quel mystère ! Quelle grâce et quel Amour !

                AMEN.