Homélie du 7 décembre 2025

Homélie du 2^ème dimanche de l’Avent (A)

« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers : tout être vivant verra le salut de Dieu ! ». En cette fin d’année Jubilaire et déjà à mi-chemin de Noël, qu’il est bon de laisser raisonner ces paroles d’Isaïe, qui désignent Jean le Baptiste, le dernier et le plus grand des prophètes, le précurseur du Christ. « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers : tout être vivant verra le salut de Dieu ! ». Quelle magnifique promesse, cette parole prophétique nous remplit d’Espérance : « tout être vivant verra le salut de Dieu ! ».

Chaque dimanche de l’Avent est, pour nous, une nouvelle pierre d’attente qui nous rappelle que nous sommes tous, tendus, orientés, vers la venue de Celui qui doit venir : le Christ, le Fils du Dieu vivant. Le Christ qui est déjà venu dans notre monde mais qui doit maintenant revenir dans la gloire !

Nous sommes donc dans cette attente – mais attention, cette attente n’est de pas de ne rien faire ! Cette attente est un temps de préparation active de nos cœurs. Nous veillons, nous adorons le Seigneur, nous ouvrons nos cœurs, en nous tournant concrètement vers Lui. « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers », c’est l’appel de cette voix qui crie dans le désert !

Alors, Frères et sœurs, dans nos vies – de plus en plus impactées par l’efficacité, la rapidité, la rentabilité, affectées par le vernis ou l’obscurité de biens des écrans, et saturée par un consumérisme ambiant et bruyant, y-a-t-il encore, un lieu, un espace, un endroit où nous pouvons entendre cette voix qui crie dans le désert ?

Oui Jean-Baptiste est dans le désert, il nous parle depuis son désert. Alors comment allons nous faire ? Regardons peut-être déjà son style de vie si radical qu’il peut nous interroger, et en même temps nous enseigner pour vivre un vrai temps de conversion – de retour à Dieu. Le Baptiste, en véritable précurseur du Christ, nous exhorte, en effet, par son témoignage de vie à la sobriété, au silence, à l’humilité…autant de vertus que beaucoup croient dépassées, mais qui nous permettent en réalité de reconnaître et de venir adorer l’Enfant de la crèche, notre Sauveur et notre Rédempteur.

« Convertissez-vous, car le Royaume de Dieu est proche ! ». Telle est cette vibrante invitation à la conversion que nous lance aujourd’hui Jean-Baptiste. Cette invitation nous presse de nous mettre en mouvement, en route, pour laisser Dieu entrer, nous transformer de l’intérieur. En y mettant évidemment, un peu du nôtre, parce qu’il faut nous tourner, orienter notre vie vers Dieu d’un pas décidé – alors peut-être aujourd’hui d’un petit pas, mais d’un petit pas décidé ! – qui avec la grâce de Dieu nous permettra de nous ouvrir au salut promis. Au final, demandons au Seigneur un peu de courage et peut-être un surcroît de foi pour nous permettre de faire ce petit pas en sa direction.

Oui, le Christ veut nous inviter à dégager tout ce qui peut entraver ce chemin où Il veut venir nous rencontrer pour redevenir le centre de notre vie ! Car si le Christ veut sauver tous les hommes, il ne le fera pas sans notre collaboration. Il attend toujours et encore notre retour, sans jamais se lasser, et c’est la preuve de sa miséricorde infinie et de son éternelle fidélité. Dieu veut même aller jusqu’à remodeler et, finalement, recréer ce monde qui a perdu l’harmonie des origines depuis le premier péché. Isaïe dans cette magnifique 1^ère lecture, justement parle de cette recréation. Il l’annonce, comme une grande promesse. C’est cette promesse de salut où Dieu vient réparer, transformer, transfigurer ce monde blessé, comme le « recréer » ! Recitons cette magnifique image : « Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main ». Nous n’avons pas encore, peut-être, pu voir cela. Mais à l’approche de Noël, laissons-nous émerveiller par cette image saisissante de la « re-création » du monde que Dieu veut pour nous et laissons nos yeux contempler cette image de l’insouciance et de la candeur d’une « ré-création » enfantine !

« Produisez donc un fruit digne de la conversion » nous lance encore Jean le Baptiste ! Mais qu’est-ce qu’un fruit digne de la conversion ? St Paul nous met, collectivement en piste, en nous invitant à nous accueillir mutuellement comme le Christ nous accueilli. Peut-être que la participation au parrainage de notre paroisse – d’anciens paroissiens peuvent accueillir les nouveaux – c’est la proposition d’être un « cléophas » : quelqu’un qui va veiller comme un « ange gardien » sur un paroissien nouveau ou quelqu’un qui se rapproche doucement de notre Eglise. Il y a aussi cette idée de participer ensemble à l’édification commune – d’un commun accord selon le Christ, pour être dans le monde un ferment de concorde, de paix et d’unité. Voilà des fruits dignes de la conversion. Alors personnellement, interrogeons-nous en ce temps de l’Avent : quel fruit de conversion puis-je offrir au Seigneur, en dehors d’un rite spécial ou d’une obligation morale ?

Oui, ce temps de l’Avent est un temps favorable pour nous ouvrir à la présence de Dieu. D’ailleurs la crèche avec ses santons, les sapins de noël surmontés d’une étoile, les couronnes de l’Avent qui fleurissent dans dans nos églises, dans nos maisons, dans nos villes, nous invitent à regarder…à être davantage vigilant à cette présence. Mais justement pour que nous allions plus loin : quelle place je laisse au Seigneur dans mon cœur pour vivre réellement cette communion ? Et peut-être que nous avons besoin, en ce temps de l’Avent, d’une réconciliation avec Dieu ? avec moi-même ? avec nos frères et nos sœurs ? avec nos parents ? avec nos grands–parents ? avec nos collègues de travail ?...Oui, prenons soins de nos relations : de tout ceux que nous ne voyons pas, de tout ceux que nous ne voyons plus, de tout ceux à qui nous ne faisons plus attention…car c’est alors que nous laissons place à l’Espérance qui refleurira en cette nuit de Noël !

Les Ecritures nous révèlent que notre Dieu est Celui de la persévérance et de tout réconfort. Oui parce que c’est Lui qui nous donne le pardon, la paix, le salut, la réconciliation. Alors, n’ayons crainte en ce temps de préparation, de Lui abandonner notre petitesse et toutes nos faiblesses…en mendiant son Amour, sa grâce transformera notre cœur. Laissons-nous, en cette fin d’année jubilaire, attirer par Lui pour recevoir pleinement la grâce du pardon. Laissons-nous attendrir par Celui qui veux remplir le pays de la douceur de sa miséricorde. Oui, frères et sœurs, je m’interroge avec vous…quel petit pas vais-je décider de faire pour me rapprocher de Lui ?

Alors je formule, pour nous tous, le vœu qu’en cet Avent, le Christ nous prépare à accueillir pleinement son salut. Demandons, en ce temps de préparation, de vivre dans cet Esprit de vigilance pour avancer d’un pas serein et décidé à la rencontre de Celui qui vient illuminer les cœurs de tous les hommes. Amen.

P. Louis-Henri Chouane