Homélie du 11 novembre 2025 - Armistice

Pour les victimes de toutes les guerres en notre pays et à travers le monde,  et,  10ème anniversaire des attentats du Bataclan

Corps étendus sur les trottoirs, sirènes hurlantes, des pompiers qui courent, des visages abîmés par l’effroi et le chagrin ! Rappelez-vous, c’était il y a tout juste 10 ans, le 13 novembre 2015 ! Chacun de nous sait où il était quand il a appris ces scènes d’horreur dans la capitale de notre pays !

La guerre hier, les attentats aujourd’hui ! Que se passe-t-il ? Le monde, serait-il dominé par haine et la violence ? L’humanité, irait-elle à sa perte ? Que fait Dieu ?

Beaucoup de questions hier et aujourd’hui et il est juste de nous interroger, tant l’horizon de nos avenirs paraît sombre. Chaque jour, nous prenons conscience que tout peut arriver, à tout moment et en tout lieu !

Aujourd’hui, 11 Novembre, nous nous souvenons, nous commémorons, nous prions. Nous voulons honorer la mémoire de tous ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour défendre notre pays, et nous voulons prier pour demander le don de la paix. 

La paix ici et maintenant, pour l’ordre, la vérité et la justice.

Les premiers mots que Jésus emploie le soir de sa Résurrection ne sont pas des litanies de plaintes ou de reproches, ils sont : « La paix soit avec vous » ! Finis les larmes et les pleurs, finies la crainte et la peur, place à la paix !

Facile à dire, plus difficile à faire. Alors, levons les yeux vers la Croix, un instant.

Le Christ, le Fils de Dieu, qui a épousé notre condition humaine (à l’excepté du péché) est lui-même passé par tout ce que nous traversons. Il a eu faim, soif, s’est fatigué physiquement et a ressenti de la colère, de la tristesse et de la compassion. Il a été tenté, persécuté, calomnié, méprisé ; Il a connu l’angoisse d’une longue et cruelle agonie, Il a été torturé, avant de mourir à bout de souffle sur une croix.

Comme l’écrit l’auteur de la Lettre aux Hébreux, « Nous avons en Jésus, le grand-prêtre par excellence, capable de comprendre pleinement nos souffrances ».

Il faut le dire et le redire : Dieu n’est pas un Dieu lointain, un Dieu à craindre, un Dieu de vengeance, mais Il est un Dieu qui s’émeut de nos douleurs et reste à nos côtés dans nos épreuves. « Le Seigneur entend ceux qui l'appellent : de toutes leurs angoisses, il les délivre. Il est proche du cœur brisé, il sauve l'esprit abattu. » dit le Psalmiste ( Ps 33, 18)

Et l’Évangile de Jean nous indique, à sa manière, que, dans la foi, nous croyons que Dieu ne nous abandonne pas. Il n’est jamais aussi proche de nous que lorsque nous souffrons.

C’est pourquoi, nous nous tournons vers Lui en cette Eucharistie et nous renouvelons notre confiance, notre espérance, car l’espérance ne déçoit pas ! 

Voici ce que disait le Pape François, quelques semaines avec son décès en avril dernier : « Nous tous, les chrétiens, petits mais forts dans l’amour de Dieu, nous sommes appelés à prendre soin de la fragilité du peuple et du monde dans lequel nous vivons. Oui, notre monde est fragile, oui la fraternité, la démocratie, la paix ne sont jamais acquises. Il nous faut continuer à agir. La violence est sans doute un des grands mystères de notre vie humaine. Comment se fait-il qu’il y en ait tant ? Comment se fait-il qu’il soit parfois si difficile de vivre ensemble ? Comment se fait-il que tant de propos échangés sont parfois durs, agressifs, critiques ? La violence qui nous habite ne se convertit en douceur qu’au prix d’un long combat ».

Et le Pape François ajoute : « J’aime relire Etty Hillesum, cette femme juive morte en déportation : que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres. Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde le rend plus inhospitalier qu’il ne l’est déjà ».

Mes amis, nous sommes aussi au cœur du combat spirituel !

Comment ne pas penser ici aux drames des conflits et des guerres les plus actuelles, aux plus pauvres qui sont toujours les premières victimes ? Ces violences et ces injustices crient vers Dieu, elles crient vers notre monde, elles crient vers chacun de nos cœurs !

Lorsque l’homme se tourne vers Dieu pour prier pour la paix, pour la justice et le pardon, il ouvre son cœur à la Puissance d’amour du Christ pour lui ! Il se laisse transformer et consent à la conversion du cœur et de l’esprit.

Après demain, nous aurons à cœur de prier pour les victimes du 13 novembre et les membres de leurs familles ! Dans l’Espérance !

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix, par la charité, la justice et le pardon !  AMEN.

P. Patrice Marivin