Homélie du 5 octobre 2025

27^e dimanche du temps ordinaire - C

Ensemble, ce matin, nous recevons le double appel de Saint Paul à Timothée : « Ravive en toi le don gratuit de Dieu » et « Garde le beau dépôt de la foi » !

1.        L’Apôtre Paul nous rappelle tout d’abord qu’avant de nous soucier de ce que nous allons donner, il nous faut reconnaître qu’en vérité, il y a un DON qui nous précède. Ce qui est premier, c’est le don accordé par le Seigneur ! Et ce que Dieu donne, dit Saint Paul, c’est son Esprit Saint, « Esprit de force, d’amour et de pondération ».

C’est cela qui est au cœur de la foi en Jésus-Christ, mort et ressuscité. Certes, cela découle d’un acte personnel qui ouvre à la lumière du Christ, mais c’est avant tout un don de Dieu. Avoir la foi, ce n’est pas admettre des vérités, mais c’est d’abord se fier à Dieu, c’est faire confiance à Dieu, lui rester fidèle, malgré toutes les apparences contraires ! Dans notre monde où, comme dans la vision d’Habacuc, règnent violence et pillage, discordes et disputes, la foi pure et authentique devine, derrière les évidences contraires, la présence d’un Amour créateur qui germe dans l’obscurité de la terre !

Un amour créateur ! « La terre est remplie de son amour » dit le psaume 32 !

Hier, 4 octobre, nous avons fêté Saint François d’Assise, ce grand saint que feu le pape François a choisi pour modèle et qu’il a cité dans de ses lettres majeures, « Laudato Si » et « Fratelli Tutti ». Saint François nous rappelle une évidence : accueillir le don gratuit de Dieu, c’est aimer le don de la Création, aimer les frères que Dieu nous donne ; s’émerveiller devant le soleil, les oiseaux, les enfants ; vivre sobrement et s’abandonner avec confiance à l’amour de Dieu.

Un peu idéaliste, allez-vous me dire, alors que nous le voyons bien, ni la Nature, ni le frère, ne sont toujours aimables… Et Saint François, lui-même, dans son élan de confiance en Dieu et en ses frères, a rencontré des déconvenues, des épreuves, notamment celles de la maladie. Son grand « Cantique des Créatures » commence bien par « Messire Soleil » et « Sœur Lune », mais il se termine par « notre sœur la Mort corporelle ». Saint François connaît la souffrance et l’épreuve dans son corps… Il connaît aussi l’inconstance et l’ingratitude des hommes !

Ce qu’enseigne Saint François, c’est la bonté et l’ACCUEIL de la VIE ! De toute la vie, dans ce qu’elle a de merveilleux et de difficile. Et l’accueil du frère, comme il est, à la fois pécheur et enfant de Dieu. Saint François n’élabore pas de programme, encore moins d’idéologie : son seul et unique programme est l’évangile.

Le pape Benoît XVI disait le 25 avril 2005, dans la première homélie de sa messe inaugurale : « Il n'y a rien de plus beau que d'être rejoint, surpris par l'Évangile, par le Christ. Il n'y a rien de plus beau que de Le connaître et de communiquer aux autres l'amitié avec Lui. »

C’est là le portrait de saint François. Il est tellement rejoint par le Christ qu’il accueille tout, comme le don de Dieu : la création, les oiseaux, les loups, la pluie, la fièvre, les amis, les ennemis, l’instant et l’éternité. Il ne prend pas, ne retient pas. Il accueille.

C’est tout le contraire de ce que nous faisons : prendre, stocker, jeter, consommer… C’est humain, nous ne sommes pas des êtres désincarnés, mais nous devrions essayer de convertir nos pratiques pour tendre vers la sobriété heureuse qui conduit au partage et à l’action de grâce.

Saint François nous apprend à accueillir sans capter et à ouvrir nos mains à tout ce qui est donné, parce que tout est DON de DIEU. « Tout vient de toi, Ô Seigneur, et nous t’offrons ce que nous donne ta main ». (Liturgie des heures).

2.         ACCUEILLIR et Garder le beau dépôt de la foi !

Ce deuxième conseil de Saint Paul nous invite à transmettre la foi que nous avons reçue, en l’annonçant et en la partageant !  Les enseignants et les éducateurs savent d’expérience que la meilleure façon de s’approprier une matière, c’est de la transmettre. On ne garde pas un savoir comme on capitalise un pactole financier ; on le garde en le communiquant, en le transmettant. Et ce qui est vrai d’une science profane, est vrai de la foi.

Nous sommes des serviteurs quelconques !

• Plus de confiance en Dieu nous préservera de trop de foi en nous-mêmes !
• Plus d’humilité nous fera compter davantage sur la force de Dieu !

Inutiles, et c’est là le paradoxe, mais indispensables pour que le Royaume de Dieu advienne sur la terre. Être et devenir des inutiles qui sont riches du regard que Dieu pose sur nous.

« Seigneur, augmente en nous la foi » ! La foi n’est pas un vague sentiment, c’est une adhésion confiante et aimante à la personne du Christ, qui construit ce que l’on « est » et surtout ce que l’on « devient ».

La foi au Christ, fils du Dieu vivant est un DON et un trésor à cultiver puis à transmettre.

Chaque dimanche, nous venons puiser à la source ; nous accueillons la Parole de Dieu, nous recevons la communion au Corps du Christ. Cette nourriture ne produit son plein effet qu’en nous ouvrant à l’amour du Père et de tous nos frères. C’est l’accueil de la Parole de Dieu et l’Eucharistie qui nourrissent notre foi et qui nous rendent capables d’agir pour le Christ et avec Lui. AMEN.

P. Patrice Marivin