23ème dimanche du temps ordinaire - C
Il y a deux manières d’accomplir le cours de son existence !
- Il y a la manière de la feuille morte : à la surface des eaux, elle se laisse emporter, balloter, au gré des courants et, finalement, elle échoue, inutile sur le rivage !
- Il y la manière du poisson : il sait où il va et il se dirige en fonction de ce but, utilisant les courants, parfois même à contre-courant !
Frères et sœurs, qui sommes-nous ? feuille morte, ou bien poisson ?
Est-ce que nous nous laissons porter passivement par le flux des événements ou, avec la grâce de Dieu, est-ce que nous tentons de nous prendre en main et de construire notre vie chrétienne de façon responsable et adulte ?
Dans la parabole du bâtisseur de la tour et celle du roi qui part en guerre, Jésus énonce ce qu’il faut faire avant de s’engager derrière lui. Pour être son disciple, pour le devenir, il faut d’abord commencer par s’asseoir ! C’est-à dire prendre le temps d’une vraie réflexion, d’un discernement sérieux, où le projet est confronté au réel. Commencer par s’asseoir pour réfléchir, méditer, prier, parler à Dieu, lui demander sa Lumière. Le discernement consiste à savoir ce que l’on veut, ce que l’on désire profondément, à se connaitre en vérité, à savoir ce que l’on est prêt à abandonner pour gagner ce que l’on croît être le meilleur pour nous.
De la Parole de Dieu méditée ce matin, j’entends deux mots : RENONCER et PREFERER !
Renoncer : ce n’est pas très à la mode en ce moment, pourtant choisir c’est toujours renoncer. Ainsi choisir de suivre le Christ, c’est forcément « faire une croix » sur quelque chose, c’est faire le sacrifice de quelque chose. Ainsi, choisir d’épouser Juliette, c’est renoncer à Cunégonde, qui pourtant n’était pas mal non plus…
Dans l’évangile Jésus évoque 3 renoncements nécessaires pour le suivre.
- Le renoncement aux liens familiaux. Jésus a l'air de mettre en balance l'amour que nous portons à nos familles avec celui que nous devons avoir pour lui ! Et cela nous choque bien sûr. Mais en vérité, Jésus nous dit qu’il faut aimer Dieu plus que tout et par-dessus tout.
Il nous faut préférer le Christ, et pas seulement en abandonnant tout, mais en le mettant en tête de tout amour. Il nous faut aimer le Christ « beaucoup plus » que nos relations familiales et humaines.
- Le renoncement à soi. « Perdre sa vie ». Pour être concret, cela signifie mettre son ego en veilleuse et toujours agir par amour de Dieu et des autres. Saint Paul le dit très bien : "Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais ..." (Col 3, 4)
Cela peut aussi vouloir dire qu’il ne faut pas craindre d’être sujets de dérision comme chrétiens pratiquants. Parfois le regard et l'opinion des autres sont une épreuve pour nous. Mais Jésus nous prévient : le suivre, c'est suivre un maître crucifié. N’oublions pas que Jésus a perdu sa vie parce qu’il déplaisait aux notables de Jérusalem.
- Le renoncement aux biens. C'est le dernier verset de la lecture de ce jour. Là encore Jésus sait à quel point nos addictions, nos obsessions maladives, nos richesses matérielles sont un obstacle sur le chemin de l'Évangile. Comment peut-on s’attacher au Christ si on perd de vue les réalités d’en-haut ? " Faites donc mourir en vous cette soif de posséder, qui est une idolâtrie." Col 3,4). Comment peut-on se confier au Christ si on met toute sa sécurité dans ses richesses ? Dans sa première homélie aux cardinaux, le pape Léon XIV leur disait qu’il fallait « s’effacer pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’Il soit connu et glorifié, se dépenser jusqu’au bout pour que personne ne manque l’occasion de Le connaître et de L’aimer. »
C’est cela PREFERER le Christ.
Cette radicalité de choix se retrouve dans les deux jeunes qui sont canonisés aujourd’hui à Rome.
- Pier Giorgio Frassati, décédé d’une poliomyélite fulgurante à 24 ans en 1925.
- Et Carlo Acutis, décédé d’une leucémie foudroyante à 15 ans en 2006.
Tous les deux ont vécu dans une famille aisée dans laquelle ils n’ont manqué de rien. Mais, tous les deux ont su, cependant, donner la priorité à Jésus :
- Pier-Giorgio en servant les pauvres à travers l’Action Catholique et les Conférences Saint-Vincent-de-Paul.
- Carlo en se faisant le chantre de l’Eucharistie à travers Internet dont il était un passionné.
Leur manière de vivre attire et émerveille les jeunes d’aujourd’hui. Tous les deux laissent transparaître qu’ils avaient fait le choix de suivre Jésus.
Frères et sœurs, nous ne sommes pas des héros, mais, appelés à la sainteté, oui, nous le sommes ! À nous de choisir notre trajectoire de vie pour y parvenir : être des « feuilles mortes » sans but et sans joie, ou être comme des poissons qui savent où ils vont, pleins d’espérance et de vie.
Carlo Acutis nous donne un conseil : « Trouvez Dieu et vous trouverez le sens de votre vie. »
Que dire de plus, sinon reprendre les paroles du psaume de ce jour : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. »
AMEN.