Homélie du 21 janvier 2024

« Convertissez-vous et croyez à l’Evangile »

Ces mots, prononcés par Jésus, nous les connaissons tellement bien que nous aurions peut-être tendance à ne plus y faire attention tant ils nous paraissent évidents.

Mais, sont-ils si évidents que ça ?

Avons-nous bien compris que ce qui nous est demandé, c’est bien plus qu’une simple adhésion intellectuelle ?

Ce qui nous est demandé, c’est un demi-tour complet sur nous-mêmes, c’est une réorientation de toute notre vie.

C’est ce qui se passe avec les tout-premiers disciples, Simon et André, et aussi Jacques et Jean : ils vivent normalement, dans le quotidien de leur vie habituelle, ils travaillent, ils sont pêcheurs, ils réparent leurs filets, les jettent dans la mer.

Bref, la routine pour des pêcheurs.

Et Jésus passe le long de la mer et les appelle en leur disant : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes ».

Et ils le suivent !

Et nous, avons-nous conscience que Dieu nous appelle aussi, tous les jours, encore et toujours ?

Dieu nous appelle, car Il nous aime, Il est amour, Il est miséricorde.

Il nous a créés par amour.

Pour répondre à cet appel, les premiers disciples ont tout quitté pour suivre Jésus, pour être pêcheurs d’hommes.

Est-ce cela que Dieu nous demande ?

Pour certains, sûrement, comme les prêtres, les religieux et religieuses, qui ont fait le choix radical et visible de renoncer à une vie de couple, à une vie professionnelle, pour se consacrer à Dieu et être, eux aussi, pêcheurs d’hommes.

Mais, pour la majorité d’entre nous, que signifie vraiment l’appel de Dieu ?

Ce qui nous est demandé, c’est de vivre notre vie ordinaire en suivant le Christ dans notre quotidien.

C’est cela se convertir, c’est accepter de relire notre vie et nos façons d’agir, c’est adapter notre vie à celle que le Christ nous demande de vivre, pour nous conformer à sa Parole.

Se convertir, c’est concevoir notre vie dans l’amour, cet amour qui est le cœur de notre foi.

Seul Dieu nous permettra d’aimer nos frères en vérité.

Croire en l’Evangile, comme nous y exhorte le Christ, est le moyen de « vivre d’amour », pour reprendre une expression de Sainte Thérèse de Lisieux.

Ce sont les paroles de Jésus, quand nous les faisons résonner au plus profond de nous-mêmes, qui nous permettent de vivre une conversion permanente.

On pourrait dire que se convertir conduit à croire à l’Evangile, et que croire à l’Evangile conduit à se convertir.

Se convertir, c’est aussi se reconnaître faible et pécheur, c’est s’en remettre à Dieu en toutes circonstances, c’est être dépendant de Lui pour aimer, et nous laisser saisir par Sa miséricorde infinie, en Le priant sans cesse, en cultivant une intimité avec Lui, en vivant de ses sacrements, et en se nourrissant de Sa Parole.

C’est cela être « pêcheur d’hommes » !

C’est ce à quoi sont appelés Eden et Azylis  qui vont être baptisés dans un instant.

Par le baptême, Dieu va se donner Lui-même à ces deux enfants, entièrement, complètement.

 Ils vont être immergés dans cette source de vie qu’est l’amour de Dieu pour les hommes. Ce don de Dieu, cet acte d’amour, c’est la grâce baptismale.

En se donnant lui-même, Dieu leur donne l’Esprit Saint, qui va leur permettre de faire vivre leur baptême et de déployer en eux toutes les capacités de vivre la sainteté.

Oui, Eden et Azylis , nous voulons tous que vous soyez des saints !

Et c’est vrai pour tous les baptisés.

Nous sommes tous appelés à être des saints. Oh ! pas des êtres parfaits, non ! Nous en sommes bien incapables par nous-mêmes. Mais des saints, oui !

C’est-à-dire être dans un état de pauvreté tel qu’on soit obligé de tout demander à Dieu.

Vous avez remarqué que les trois lectures qui nous sont proposées aujourd’hui nous parlent de temps, de temps qui passe, et même d’urgence.

Dans le livre de Jonas, il nous est dit : « encore 40 jours et Ninive sera détruite ».

Et aussi Saint Paul : « Frères, je dois vous le dire, le temps est limité. Car il passe, ce monde tel que nous le voyons ».

Et Jésus Lui-même nous le dit également : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche ».

On en a presque des frissons !

Allez, on peut se l’avouer, ces paroles nous font un peu peur, on a un peu l’impression que la fin du monde, la fin des temps, c’est pour demain.

D’ailleurs, les premiers chrétiens, eux-mêmes, croyaient que cette fin du monde était imminente, mais il s’est déjà écoulé 2000 ans depuis…

Et aujourd’hui encore, beaucoup de faux prophètes nous annoncent la fin des temps pour demain.

Mais le Christ nous a prévenus : « Beaucoup viendront sous mon nom, et ils séduiront beaucoup de gens. Ne les suivez pas. Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne soyez pas effrayés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin ».

Et effectivement, le Christ, et après Lui Saint Paul, ne parlent pas du temps chronologique, même si le temps chronologique va continuer de s’écouler jusqu’à la fin du monde.

Non, quand le Christ dit que les temps sont accomplis, Il vient nous dire que le temps de la Révélation est fini.

Nous n’avons plus rien à attendre de nouveau : tout nous a été donné par Jésus.

Notre mission n’est plus d’attendre que Dieu nous envoie un sauveur : c’est fait ! Il est là ! Le royaume de Dieu, ce n’est pas pour demain ou après-demain. C’est aujourd’hui, c’est là, maintenant.

Notre mission, c’est de croire et de l’annoncer. C’est cela l’urgence.

Saint Paul ne dit pas autre chose quand il dit lui-aussi que le temps est limité : il ne nous invite pas à quitter notre façon de vivre, mais à l’orienter vers le but du voyage, c’est-à-dire le Christ Lui-même.

Vivons dans le monde mais les yeux rivés sur le Christ.

Quant à Jonas, quel magnifique exemple de conversion !

Lui qui était centré uniquement sur son bien-être personnel, aujourd’hui on dirait qu’il était « auto-centré », il écoute enfin la Parole de Dieu, il va à Ninive, il la proclame, et Ninive est sauvée.

Jonas s’est converti. Le signe de Jonas, c’est celui de la conversion.

Puissions-nous, nous aussi, faire comme Jonas, être nous-mêmes des « signes de Jonas », des signes de conversion.

Dans ce monde où l’inquiétude, la crainte, la peur du lendemain, l’angoisse quelquefois, prédominent, ne nous laissons pas égarer par de faux prophètes, n’attendons pas de révélations nouvelles.

Jésus est le chemin qui conduit à Dieu, le seul, il n’y en a pas d’autre.

Alors, avançons sur ce chemin avec confiance et demandons à Marie de nous aider, elle qui a eu confiance dans les paroles de l’Ange Gabriel, elle qui a toujours eu confiance en Son Fils, elle qui est un modèle de foi.

AMEN

Philippe Vandevoorde, diacre