Homélie du 25 novembre 2023

34è dimanche du temps ordinaire - Fête du Christ-Roi

Nous sommes à la fin de l’année liturgique, le dimanche de notre Seigneur Jésus, le Christ Roi de l’univers.

Nous avons pour illustration, dans l’Évangile, ce tableau du Jugement dernier :

« Les brebis à sa droite et les boucs à gauche. »

Ce jour et cette échéance d'éternité nous rappellent ce qu’est Dieu pour nous aujourd’hui : un Dieu fait Homme, qui a pris visage humain en son Fils.

Réécoutons ce verset de l’Évangile d’aujourd’hui :

« Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Il est donc question de jugement. Nous serons jugés sur l’amour parce que nous serons jugés par l’Amour, c’est-à-dire par le Christ lui-même qui a donné sa vie pour nous.

Jésus nous rappelle ce 1er commandement, le plus grand des commandements :

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.

Et ce deuxième commandement qui lui est semblable ; Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mt 22, 34-40).

C'est, autrement dit, que l’amour de Dieu et l’amour du prochain sont indissociables.

La plus sûre manière d’aimer Dieu, c’est d'aimer son prochain parce qu’il est « visage » de Dieu.

Jeudi dernier, ont été célébrés à la Chartreuse d'Auray, les obsèques de Sr Claire, 91ans, Fille de la Sagesse, l'une des dernières religieuses enseignantes pour les sourds avant que cette congrégation ne laisse la place aux laïcs. Seuls deux membres de sa famille étaient présents mais environ 70 personnes sourdes étaient là pour lui rendre un dernier hommage. Par leur présence, elles voulaient exprimer leur reconnaissance pour une vie entièrement donnée au service de l'enseignement pour les jeunes sourdes et en particulier pour celles qui avaient le plus de difficultés sur le plan scolaire.

Sr Claire a eu le temps de lire et de relire cette inscription gravée dans la pierre du cadran solaire du cloître de la Chartreuse d'Auray :

« C'est toujours l’heure d’aimer Dieu et de faire le bien. »

« Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Jésus reprend aussi la Règle d’or de manière positive :

« Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes. » (Mt 7, 12).

La solidarité avec les personnes les plus fragiles n'est pas une option facultative. Dans « La joie de l'Évangile » Notre Pape François nous rappelle que « les pauvres ont une place de choix dans le cœur de Dieu car il s'est identifié à eux » :

« J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger. »

Pour Jésus, les justes sont tous ceux qui ont pris soin concrètement des personnes qui ont des difficultés : les pauvres, les méprisés, les malades, les prisonniers, les handicapés, en situation de problèmes familiaux, victimes des guerres, des catastrophes naturelles. Réécoutons ce que nous dit le prophète Ézéchiel dans la première lecture en parlant des brebis : « Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. »

Et nous, diacres, par notre ordination diaconale, nous avons été configurés au Christ serviteur. Serviteurs de la Parole, serviteurs de la liturgie mais aussi serviteurs de la charité, c'est à dire en particulier, en faveur, à l'égard des plus fragiles.

Pour reprendre les propos de notre évêque Monseigneur Centène lors d'une ordination diaconale, je le cite :

« Les diacres s'identifient de façon toute particulière avec la charité. Le monde de la pauvreté, de la fragilité, de la vulnérabilité, doit constituer une des préoccupations quotidiennes des diacres et l'objet d'une sollicitude infatigable' ».

Mais cela concerne aussi chaque baptisé.

Par ce sacrement qu'est le baptême, nous sommes devenus prêtres, prophètes et rois. Chaque jour, nous sommes donc appelés à prier et célébrer notre Dieu, à annoncer l’Évangile et à servir … notre prochain.

Ce service des frères et soeurs concerne tout le monde comme dans la « révolution fraternelle » prônée par le Secours Catholique.

Le Christ, lui-même montre l’image d’un roi non pas distant mais serviteur du peuple par amour.

Il est toujours l'heure d'aimer son prochain comme soi-même et être en tenue de service, comme certains d’entre vous, qui, dimanche dernier, assuraient l’accueil et le service de Table Saint Pierre, organisée par la Conférence Saint Vincent de Paul de notre paroisse.

« Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! » (Mt 24, 44-46).

Pour trouver ce pouvoir d’aimer chaque homme, chaque femme à la manière du Seigneur, reprenons le Psaume 22 , avec le Christ, Roi d’amour, lui qui a vaincu la mort :

« Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. »  

Le Christ, « mon Roi », a vaincu la mort, c’est lui qui « me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre », car le « Seigneur est mon berger, je ne manque de rien ».

Alors, frères et sœurs, après le dernier soir de notre vie, puissions-nous entendre cette parole de notre Seigneur Jésus-Christ :

« Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde.» Amen.

François GOUTHE, diacre