Homélie du 21è dimanche du Temps ordinaire - A
Mes amis,
Nous voici déjà au seuil d’une nouvelle année scolaire et pastorale !
Certains ont déjà ou vont recevoir des clefs :
- Les clefs d’un studio pour un jeune étudiant qui débarque ici à Vannes ;
- Les clefs d’un établissement scolaire pour un nouveau chef d’établissement tel Mr LOCHE à Saint François Xavier tout près d’ici ;
- Les clefs d’une église pour un pasteur nommé dans une nouvelle communauté tel Saint Patern, Saint Guen ou Arradon dans les prochains jours !
Les clefs ! Celles, dans la première lecture, de la maison de David qui est mise sur l’épaule d’Eliakim, choisi par Dieu et celles, dans l’Evangile que Pierre reçoit de Jésus-Christ lui-même.
Remettre à quelqu’un les clefs de sa maison, c’est lui signifier que l’on a confiance en lui et qu’on le rend responsable en cas d’imprévus. Et c’est parfois aussi l’associer à l’intimité familiale pour lui partager ses joies et ses peines.
Regardons de plus près l’Evangile !
« Je te donnerai les clés du Royaume des cieux » dit Jésus à Pierre !
Un peu risqué quand même, mais prenons garde à ne pas prendre le mot « clefs » au pied de la lettre !
C’est une image, une métaphore, car il n’y a pas de serrure sur la porte du ciel, d’ailleurs il n’y a pas de porte non plus. Mais, il nous faut bien utiliser les mots de notre langue pour dire qu’entre notre monde terrestre et le royaume de Dieu, il y a un point de passage inévitable et donc, qu’il y a aussi des gardiens et des passeurs.
On a trop souvent associé les clefs de Saint Pierre à un pouvoir. « Le pouvoir des clefs » et on a cru à une toute puissance, à un pouvoir exclusif, donné à Pierre et par extension aux clercs. Et le cléricalisme s’est faufilé dans les rouages de l’Eglise.
Les clefs que Jésus donne à Pierre sont associées à une mission, à un service : celui d’être lien entre le ciel et la terre.
« Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel ».
- Lier ce n’est pas ficeler, ce n’est pas non plus enchainer. Lier c’est mettre du lien, mettre en relation « les choses du ciel et celles de la terre ».
- Délier c’est ouvrir, dénouer, libérer.
Lier est délier sont donc les deux facettes d’une même action confiée à l’Eglise en la personne de Pierre pour sauver et qui réparer.
Ici, nous connaissons bien Simon-Pierre, notre cathédrale lui est dédiée ! Jésus veut rassembler autour de lui une communauté de croyants et cela demande qu’il y ait un passeur, un gardien. En donnant les clés à Pierre, Jésus fait confiance. Il connait Pierre avec ses forces et ses faiblesses, avec ses convictions et ses reniements ! Il sait même qu’il le reniera. Mais toute la bible nous donne une galerie de portraits d’hommes et de femmes qui sont bien éloignés de la sainteté et qui, pourtant ont été choisis par Dieu.
Dans l’évangile Jésus s’est appuyé sur 12 apôtres. Il les a choisis, appelés par leur nom et il leur a confié la mission de fonder l’Eglise. Ils sont donc ensemble, avec Pierre, les dépositaires de la foi qu’ils ont reçue et ils ont la mission de la garder intacte.
En recevant les clefs Pierre est confirmé dans son rôle de coordonnateur de ses frères, non sans avoir préalablement répondu à la question de Jésus : « Pour vous, qui suis-je ? »
La réponse de Pierre, qui est le fruit d’un long cheminement auprès de Jésus, est limpide « Tu es le Messie le Fils du Dieu vivant ». Pierre a expérimenté la bonté, la miséricorde, l’humilité et le désintéressement de Jésus. ! Sa foi n’est pas le résultat d’une réflexion intellectuelle, mais une grâce venue du plus profond de lui-même comme un don de Dieu.
« Heureux es-tu Pierre » ! Heureux sommes-nous d’accueillir la foi de Pierre, des apôtres, des disciples et la foi de tous les chrétiens depuis des siècles !
« Tu es Pierre et sur cette Pierre, je bâtirai mon Eglise » : dans cet évangile, on assiste aussi au premier acte de la naissance de l’Eglise, comme à la pose de la première pierre.
Parce que, qu’est-ce que l’Eglise ?
L’Eglise n’est pas une communauté de parfaits, mais des pécheurs qui doivent se reconnaitre dans le besoin de l’amour de Dieu, dans le besoin de purification par l’exemple de Jésus sur la croix.
L’Eglise, communauté de baptisés dont chacun est une pierre vivante, quand bien même elle traverse des épreuves ou même des scandales, sait qu’elle peut s’appuyer sur l’Esprit du Christ Ressuscité pour réparer ses blessures et poursuivre sa mission.
Tous, finalement, nous allons recevoir des clés en cette rentrée ! Les clés du cri de la foi de Pierre pour éclairer notre propre expérience croyante.
- Quels sont les évènements de ma vie qui me font dire « Seigneur, tu es le Messie, le fils de Dieu » ?
- Quand le Seigneur est-il venu me rejoindre et m’ouvrir à sa présence bouleversante qui donne sens et horizon à mon existence ?
- Comment aujourd’hui pourrais-je davantage être Pierre vivante. Une « Pierre active » dans le monde et dans l’Eglise, soucieuse d’avoir la bonne clé pour ouvrir à celles et ceux qui frappent à la porte de notre paroisse.
- Comment m’appuyer sur les autres pierres vivantes qui sont mes frères et sœurs baptisés et collaborer avec eux ?
En cette fin d’été, prions pour notre paroisse afin qu’elle soit toujours le visage d’une Eglise qui déverrouille les portes et ouvre des passages de fraternité. AMEN.
P. Patrice MARIVIN