Homélie du 17 Mars 2024

Josselin 17 mars 2024

Notre cathédrale Saint Pierre de Vannes célèbre aujourd’hui son anniversaire : 1499 – 2024. 525 ans !

Une manière originale d’honorer un tel événement est de le vivre « hors les murs » ici, à JOSSELIN et de venir prier au Sanctuaire de Notre Dame du Roncier, Marie, Modèle de foi !

Manière particulière que d’entrer avec toute l’Église dans le temps de la Passion. En effet, durant ces quinze prochains jours, nous allons suivre Jésus pas à pas jusqu’au Calvaire. Par le mystère de la liturgie, avec nos jeunes catéchumènes qui se préparent au baptême, nous allons vivre d’une manière très actuelle le mystère de notre Rédemption !

Que nous rapporte l’Évangile entendu à l’instant ? Quelques versets auparavant, Jésus vient d’entrer en triomphe à Jérusalem. La foule, rameaux à la main, l’acclame comme le Messie. Jésus paraît alors au sommet de sa gloire. Sa mission de Messie semble extérieurement aboutie non seulement chez les Juifs de Jérusalem, mais également chez les païens. En effet, nous dit Jean, des Grecs cherchent à voir Jésus. « Nous voulons voir Jésus » disent-ils à Philippe. Jésus est donc acclamé par les Juifs et désiré par des païens.

Le Christ ne se laisse pas « griser » par le succès apparent qu’Il vient de vivre. Bien au contraire ! Mais, à la question que lui ont rapportée Philippe, puis André, la réponse qu’Il donne paraît à première vue compliquée et demande donc une explication.

Jésus leur parle de gloire. « L’heure est venue pour le fils de l’homme d’être glorifié » leur dit-Il. Or dans l’évangile de Jean, l’heure de la glorification désigne toujours la Passion.

Ainsi, pour « voir » Jésus, avec les yeux de la foi, il faut attendre l’heure de la Croix, l’heure de la Passion, l’heure où le Père va glorifier son Fils et authentifier le lien d’amour qui les unit éternellement.

La Passion de Jésus est donc le lieu même où est révélé le sens de la mission de Jésus et saint Jean dans cette page d’évangile nous en donne un éclairage :

• La crucifixion n’est pas un échec mais le signe de l’amour de Jésus, donné, livré, jusqu’au bout, en pleine communion d’amour avec son Père, qui Le glorifie.
• L’image du grain de blé révèle le mystère de la vie qui surgit de la mort pour redonner vie et porter du fruit en abondance.

Personne ne peut comprendre et « voir Jésus » dans son œuvre de salut, sans passer par la contemplation du mystère de la croix.

La quinzaine de la Passion que nous allons vivre est donc une quinzaine de contemplation et de recueillement intérieur ! Jésus attend de nous que nous puissions l’accompagner dans le don de sa vie pour nous, dans son grand amour.

Pas en spectateurs ! Non seulement éprouver une compassion pour Jésus, mais également entrer dans sa vie, chercher à vivre de son mystère, se faire disciple pour Le suivre et ensuite refléter son amour dans une attitude de service, loin de toute recherche de gloire personnelle.

Jésus désire nous faire comprendre qu’être chrétien, c’est

• Tout remettre entre ses mains, s’abandonner, quitter les rivages de notre orgueil et de nos démesures ;
• Accepter de donner sa vie pour renaître de la vie de Dieu.
• Comprendre que tout ce qui n’est pas donné à Dieu en ce monde sera perdu pour l’Éternité.

« Nous voulons voir Jésus » disent les « Grecs ».

Et nous, voulons-nous voir Jésus et le désirer vraiment ?

Si oui, il nous faut apprendre à contempler le mystère de sa Croix. N’ayons pas peur de devenir ses disciples en acceptant de Le suivre jusqu’au Calvaire. Devenons avec Jésus Crucifié ces grains de blé qui accepteront de mourir pour porter beaucoup de fruits.

Enfin, contemplons Marie qui a fait ce choix et elle ne l’a pas regretté. Elle, La première en Chemin, a toujours été là : écoute attentive, présence délicate, prière dans la Confiance et l’Espérance ! À Cana, jour des Noces, l’heure du Fils n’est pas encore venue. Quand l’Éternel entre dans le temps, Il prend son temps, Il attend son heure. À Jérusalem, l’heure est venue. Le temps des signes est fini, voici le temps de la réalisation. Le dénouement est proche. Nous sommes à la porte du Calvaire. Marie, se tient debout, digne. Elle croit simplement. Elle espère, Elle « qui sourit tout en pleurant ».

Mes amis, entrons résolument dans la quinzaine de la Passion en disciple de Jésus Crucifié, en mettant nos pas dans les siens, notre cœur dans le sien, en désirant apprendre de lui l’art de mourir à nous-mêmes. Alors nous goûterons la joie des moissons éternelles. Alors notre Père du Ciel nous glorifiera avec son Fils. AMEN.

P. Patrice Marivin