Deux hommes face à face ! Voici l’Evangile de ce dimanche !
L’un est gouverneur romain : Pilate. Il a le pouvoir de juger, de faire libérer ou de condamner.
L’autre, Jésus, a été livré comme un malfaiteur, agitateur, déstabilisateur de l’ordre public.
Le premier a quasiment tout pouvoir, tandis que le second a déjà été bien malmené, est entravé, mis en état d’infériorité.
Tous les jours, ici en France, et presque à travers le monde, le sort de certains se joue dans un face à face un peu semblable à celui que Jésus a connu devant Pilate. De vrais procès, garantissant les droits à la défense, et puis peut-être, d’autres procès où celui qui est présenté est déjà condamné avant même d’avoir été entendu. La « vindicte » populaire et les réseaux sociaux s’en sont souvent déjà occupés bien avant l’heure ! Le « pouvoir médiatique » précède souvent malheureusement celui de la justice et du droit. Pour le meilleur parfois, mais pour le pire bien trop souvent ! Faut-il rappeler que « qui n’est pas réputé coupable » est « présumé innocent ».
Pilate n’ose pas regarder la vérité en face ! Il est là ! Il questionne ! Il est présent mais il n’entre pas en relation, il est enfermé sur lui-même, sur ses principes et ses concepts ! Il ne voit pas que cette vérité est devant lui, sans défense. Qu’elle se tient debout dans sa singularité, et qu’elle a un visage !
Ne faisons pas trop vite le procès de Pilate. Jésus a surtout été victime d’un procès religieux, avant d’être mis à mort sur l’ordre d’un pouvoir politique. Ne nous érigeons pas trop vite en tribunaux des consciences !
Car Pilate, c’est vous et moi, lorsque dans une situation difficile comme la sienne, nous tentons de maintenir la foule au calme, au détriment peut-être de la vérité.
Pilate, c’est vous et moi lorsque nous évitons des décisions difficiles, qui nous obligeraient à faire un chemin de vérité sur nous-même !
Pilate, c’est vous et moi lorsque pour un choix en conscience, nous fondons notre décision sur ce qui est simplement utile, plutôt que sur ce qui est vrai, ou sur nos émotions, plutôt qu’avec notre raison.
Est-ce que vous avez remarqué, dans l’Evangile, que la vraie question de la vérité n’est pas posée par Pilate mais bien par le Christ : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres l’ont dit à mon sujet ? ». Est-ce que la vérité est sur tes lèvres, et est-ce la vérité de ton cœur ? Est-ce qu’elle vient de toi ?
Il s’agit finalement ici d’être ajusté en cohérence avec ce que nous disons ; de garder une vigilance intérieure pour entourer de bienveillance ce que nous affirmons. L’autorité concerne celles et ceux qui disent ce qu’ils font, et qui font ce qu’ils disent !
Cette scène évangélique nous rappelle donc l’urgence d’accompagner nos paroles de sagesse et d’esprit critique. « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? Est-ce bien toi qui dis cela ou es-tu dépendant de la rumeur ? N’écoutes-tu, ne partages-tu que ce qui va dans ton sens ?
Voilà bien le problème de notre monde qui communique de plus en plus et qui dialogue de moins en moins : qui abandonne la vérité au profit « des rumeurs et des fakes news » et qui exerce « les rumeurs et les fakes news » au détriment de la vérité » !
Bonne Nouvelle, frères et sœurs ! Nous ne détenons pas la Vérité, c’est Jésus qui est « le chemin, la vérité et la vie ». Nous ne détiendrons jamais la clé ultime de notre cœur, la vérité de notre vie. Nous sommes invités à nous débarrasser de nos toutes puissances, de la volonté de tout maitriser, pour accueillir la Tendresse du Christ, pour que nous la fassions régner dans nos vies ; le pouvoir se donne. Il ne se prend pas. A nous, de nous déposséder de nos envies de maîtrise, pour nous laisser posséder par cette tendre vérité qui nous dépasse :
Si notre conscience nous condamne, il s’agit de nous laisser déplacer par une miséricorde plus grande que notre cœur !
Si notre route semble bloquée en notre destin écrit, il s’agit d’inscrire notre vie dans une destinée plus grande.
Et si la douceur semble avoir déserté notre foyer, il s’agit de nous en remettre à la tendresse de Dieu et de croire que certaines impasses de notre passé seront autant d’ouvertures vers une lumière future.
Puissions-nous agir en ce monde en vérité ! Prouvons par nos vies, que nous appartenons bien à ce Roi-là et à cette Vérité-là !
AMEN. Père Patrice
cf : Ce dimanche du Christ Roi de l Univers ! Soyez attentifs chers paroissiens ! Regardez bien la croix de Jesus sur le Maitre Autel ! Magnifique "toilette" par les soins d Alain, paroissien que nous remercions.