Homélie du 17 novembre - 33ème dimanche ordinaire (B)

Homélie du 17 novembre - 33ème dimanche ordinaire (B)

À première vue, on ne peut pas dire que les lectures qui nous sont proposées aujourd’hui nous conduisent vers un optimisme béat.

Le livre du prophète Daniel nous parle d’un « temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent ».

Et Saint Marc, dans l’évangile, nous dit également qu’il y aura une grande détresse, et que les puissances célestes seront ébranlées.

Il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir…

Ces textes nous parlent de la fin des temps, et de fait, avouons que nous n’avons pas vraiment envie que cela arrive rapidement : qui peut souhaiter ce qui est décrit ?

D’autant plus que les événements tragiques qui nous sont annoncés ne sont pas présentés comme une simple éventualité, mais au contraire comme une certitude : Jésus ne parle pas au conditionnel, mais au futur.

Alors, devons-nous avoir peur ?

Devons-nous nous lamenter devant les catastrophes, les accidents, les actes de terrorisme et les guerres, les valeurs inversées toujours mortifères, et n’y voir que les signes certains de la fin imminente du monde tel que nous le connaissons ?

Devons-nous dire en permanence à cor et à cri : « ça y’est, cette fois-ci, c’est sûr, c’est pour maintenant ! ».

Et, de fait, comment ne pas être troublés par l’enchaînement des situations dramatiques qui se multiplient sous nos yeux, comment ne pas se sentir découragés par notre impuissance à enrayer ces événements ?

Et il est vrai également que nous aimerions bien savoir, comme les apôtres eux-mêmes et les premiers chrétiens, quand et comment la fin du monde va se passer.

Mais Jésus veut-il nous faire peur par ses propos ?

Que veut-il nous faire comprendre ?

Constatons d’abord qu’Il ne répond pas vraiment à notre attente du « quand ? » et du « comment ? », puisqu’Il nous dit que le jour et l’heure, nul ne les connaît, pas même Lui.

C’est une façon de nous signifier que « ce n’est pas le sujet », comme on dirait aujourd’hui.

Mais alors, quel est le sujet ?

L’image du figuier, utilisée par Jésus, va nous aider à comprendre ce qu’Il veut nous dire.

Toute la pédagogie de ce dernier consiste à transformer notre besoin de savoir absolument « quand » et « comment », et notre appréhension, voire notre angoisse, de cette fin du monde annoncée, en une attente de sa venue.

Une attente humble, apaisée et confiante.

Le figuier dont les branches deviennent tendres annoncent l’arrivée prochaine de l’été.

Jésus prend cette image, pleine d’espérance et de promesses, pour annoncer la fin des temps et la proximité de sa venue.

Car, c’est bien de cela dont il est question dans cet évangile : c’est la naissance d’un monde nouveau, c’est la rencontre définitive avec Dieu.

C’est la joie qui doit l’emporter, et non la désespérance.

La joie puisque Jésus, notre Sauveur, est désormais tout proche, Il est à notre porte, comme Il le dit Lui-même.

Oui, mais vous allez peut-être penser : « et en attendant, que peut-on faire ? ».

Parce qu’avant d’être face à Jésus, d’être submergés par son amour et sa miséricorde, nous devons faire face à la misère du monde.

Et ce n‘est pas forcément facile tous les jours, vous le savez bien.

Et pourtant il nous est donné des instruments fiables, des antidotes efficaces contre l’angoisse et le découragement : l’écoute de la Parole, les sacrements et la prière.

Alors, tournons-nous sans cesse vers notre Seigneur et demandons-Lui de nous donner la confiance, parce que c’est dans la confiance que nous pouvons marcher vers Lui.

Demandons-Lui de nous donner l’espérance parce que c’est dans l’espérance que nous pouvons vivre le temps présent.

Demandons-Lui de nous donner la Paix, parce que nous savons qu’au-delà des misères de ce monde, c’est Lui qui nous apporte la paix, la vraie paix du cœur, celle de savoir qu’Il ne nous abandonne jamais.

Et si nous nous sentons certainement incapables d’affronter les épreuves du monde, nos épreuves, avec nos propres forces, prenons exemple sur Jésus Lui-même, qui s’est fait humble et pauvre, qui s’est fait le serviteur de tous.

Nous aussi, c’est dans le don de soi, dans le service des autres, et plus spécialement dans le service des plus pauvres que nous pourrons trouver l’énergie d’avancer.

C’est ce don de soi qui doit nous permettre de nous décentrer de nos états d’âme et de nos conclusions souvent trop négatives sur le monde, lesquelles nous font oublier la gratitude et la reconnaissance que nous devons à Dieu pour sa tendresse de Père et la beauté de Sa création.

Afin d’être capables de nous pencher avec compassion et amour vers ceux qui souffrent, d’aller à la rencontre de ceux qui ont besoin de nous, reconnaissons-nous avant tout, nous aussi, comme des pauvres.

Le pape François dans son message pour la 8ème Journée Mondiale des Pauvres, qui se tient aujourd’hui, nous dit que « devant Dieu, nous sommes tous pauvres et nécessiteux, nous sommes tous des mendiants car sans Dieu, nous ne serions rien. Nous n’aurions même pas la vie si Dieu ne nous l’avait pas donnée ».

C’est dans la pauvreté et l’humilité que nous pouvons faire appel à la miséricorde de Dieu, c’est en étant pauvre, en n’ayant rien sur quoi nous appuyer que nous pourrons recevoir la force de son Esprit-Saint pour agir et aimer notre prochain.

Dans son message, pour vivre cette pauvreté de cœur, le Saint-Père nous exhorte à prier.

Mais cette exigence de la prière ne nous dispense cependant pas de témoigner de la vérité : nous avons également reçu la mission de parler et d’agir, à temps et à contre-temps, pour être, à notre mesure, des signes de contradiction.

Et le pape nous rappelle, je le cite, que « la prière trouve la vérification de son authenticité dans la charité. Si la prière ne se traduit pas dans une action concrète, elle est vaine ».

Et il ajoute qu’à l’inverse, « la charité sans la prière risque de devenir une philanthropie, qui s’essouffle rapidement » citant son prédécesseur, Benoît XVI, qui disait en 2012, dans une catéchèse : « sans la prière quotidienne, vécue avec fidélité, notre action devient vide, perd son âme profonde, se réduit à un simple activisme. »

Alors, pour nous permettre de surmonter les misères du monde, et nos propres misères, sans peur ni angoisse, malgré ce qui nous est annoncé, et d’orienter notre vie avec joie vers la venue de plus en plus proche de Jésus, tournons-nous vers Lui avec confiance, espérance et humilité, dans une sereine pauvreté, pour qu’Il nous donne la force, Sa force, d’ouvrir en grand nos bras à nos frères et de voir Son visage en eux.

Et si nous ne savons pas quelle peut être notre action, écoutons à nouveau le pape François :

« Que chacun de vous donne ne serait-ce qu’un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit, en sachant que, dans l’Esprit de Jésus, cela peut devenir une semence féconde d’espérance pour ceux qui le reçoivent ». AMEN - Philippe Vandenvoorde, diacre

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