Homélie du 11 novembre 2024

Permettez-moi de commencer cette homélie par une petite histoire :
« Un jour, un vieil indien explique à son petit-fils que chacun de nous a en lui deux loups qui se livrent bataille. Le premier loup représente la sérénité, l’amour et le respect.
Le second loup représente la peur, l’avidité et la haine. Lequel des deux loups gagne ?
demande l’enfant. Celui que l’on nourrit, répond le grand-père ».

Mes amis, par quoi, par qui voulons-nous vraiment être nourris ici et maintenant et pour notre vie ?

La paix souffre violence ! C’est le sentiment que nous portons ce matin dans cette cathédrale alors que nous célébrons ensemble le 11 novembre 1918, qui marque la
fin de la première guerre mondiale. Mémoire de tant de souffrances endurées, mémoire surtout de la réconciliation franco-allemande !

La paix souffre violence ! Tant de lieux sous nos yeux : Israël, Palestine, la Terre Sainte. La Russie et l’Ukraine et tant d’autres lieux dont on parle peu en Afrique
notamment. Plus proche de nous, les violences urbaines dans nos villes qui distillent trop de peurs et d’insécurités.

La paix souffre violence ! Quand l’homme pense seulement à lui-même, à ses intérêts et à sa place au centre de tout, quand il se laisse séduire par les idoles de la
domination, du pouvoir, ou simplement de l’argent, quand il se met à la place de Dieu,
alors il abîme toutes les relations, il ruine l’harmonie du vivre-ensemble et ouvre la porte aux rivalités et à la violence.

« La paix soit avec vous ! » dit le Christ au soir de Pâques ! Nous laisser guérir par Un Autre, par le Ressuscité de Pâques. Nous laisser interroger aussi sur les
conversions que nous devons vivre par Celui qui « donne tout et ne reprend rien ». A la question du mal et de la souffrance qui touche des innocents, la seule réponse que
Jésus apporte est sa propre souffrance, sa mort sur la croix, la livraison de Lui-même dans sa passion, jusqu’à la mort, pour le salut du monde et pour que le pardon soit
accordé à ceux qui se reconnaissent pécheurs.

« La paix soit avec vous ! » Nous nourrir de la vie même du Christ et VRAIMENT nous interroger sur les conversions que nous devons vivre !
Je repense ici au célèbre discours du Pape Paul VI devant l’Organisation des Nations Unies en 1965 : « Les rapports entre les peuples doivent être réglés par la
raison et la justice, le droit et la négociation, et non par la force, ni par la violence, ni par la guerre, non plus par la peur et la tromperie… Jamais plus les uns contre les autres,
jamais jamais… »

L’appel de ce pape semble tomber dans le vide, comme l’appel à la conversion qui traverse l’Écriture Sainte, comme le cri de Dieu ! L’orgueil et l’égoïsme nous a rendus
aveugles et sourds. Souvent, je me demande ce qui se passe dans le cœur de l’homme pour qu’il engendre encore de telles violences. Car nous le redisons ici, tout commence
dans le cœur de l’homme, dans nos cœurs.

J’aimerais terminer par un magnifique message de Etty Hillesum, cette femme juive morte en déportation : « que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et
extirpe et anéantisse en lui tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres. Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde nous le
rend plus inhospitalier qu’il ne l’est déjà ».

Nourris de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie ! Nourris de l’Essentiel !
Seigneur, nous t’en supplions. Délivre les prisonniers, console les affligés, accorde-nous la paix et la liberté intérieure, pardonne nos péchés et manifeste la puissance de ta
miséricorde. AMEN.

P. Patrice Marivin