Homélie 27ème dimanche ordinaire B
« Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? »
Chers amis, peut-être êtes-vous venus à cette célébration comme cet homme de l’Évangile qui accourt vers Jésus… Il est arrivé en courant, vous peut-être ou peut-être pas ? Il s’est mis à genoux, vous peut-être ou peut-être pas ? Vous êtes venus avec ce même désir de la Vie Éternelle et avec cette même question : « Que dois-je faire ? ».
Bonne thématique mais peut-être mauvaise manière de poser la question à Jésus.
Cet homme, dont on ne connait pas le prénom, très honnête, très intègre, très pieux, semble désirer la Vie Éternelle à sa façon, comme un homme qui « a de grands biens » et qui désire la vie éternelle comme une possession de plus… Et l’on voit Jésus réorienter ce désir ! Non, la vie éternelle n’est pas une possession et elle n’est pas non plus une récompense de mes bonnes actions !
« Que dois-je être ? », au lieu de « que dois-je faire ? » …
- Passer de l’avoir à l’être ;
- Passer du « faire » au « devenir ».
- Passer du « devoir faire » au devoir d’appartenir au Christ, à la manière de Saint Paul qui avoue humblement « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. »
Donc, changer de registre ! Entrer dans le registre non plus tant de l’obéissance à la Loi mais, entrer dans une relation à Dieu qui fait devenir disciple pour marcher vers la vie éternelle.
La vie éternelle, c’est donc AUJOURD’HUI qu’elle commence.
Regardons bien l’attitude de Jésus : Il regarde intensément cet homme en l’aimant. Il ne le juge pas, ne le condamne pas. Il lui parle d’amour par son regard et l’invite à sortir de lui-même et surtout des préoccupations matérielles qui l’encombrent.
Marcher vers la vie éternelle passe donc par un dépouillement, par un renoncement.
Mais, avouons-le, le renoncement n'est guère attirant. Renoncer au mal, cela se comprend, mais renoncer à de bonnes choses, ce n’est pas dans l’air du temps ?
Alors de quel renoncement s’agit-il ?
Le renoncement que Jésus propose à cet homme riche de biens est en fait, un allègement, un désencombrement pour marcher plus facilement vers le but qu’il souhaite atteindre et qu’il a clairement exprimé à Jésus : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ?
Jésus lui fait une réponse remarquable « Vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi. » Le récit précise « qu’à cet instant, Jésus se mit à l'aimer », sans doute parce qu’Il voyait la sincérité de cet homme.
Mais la sincérité du cœur n’est pas toujours en phase avec la vérité de l’évangile. La vie éternelle n'est pas un objet à posséder mais un chemin sur lequel on avance, guidés par la Sagesse divine qui agit dans notre cœur dans la mesure où nous l’acceptons. (Cf 1ère lecture). Cette Sagesse n'est pas une possession à conquérir mais une Présence à accueillir, une adhésion à réaliser jour après jour moyennant quelques renoncements.
Mais soyons lucides ! Le plus grand renoncement aura lieu le jour de notre mort. Nous ne pourrons pas entrer dans la vie en plénitude sans avoir CONSENTI à un dépouillement préalable quelle qu’en soit la cause : maladie ou vieillesse et sans être passé par l’absolu dépouillement de la mort.
Nous n’entrerons pas dans la vie éternelle, parce que nous aurons gagné des bon-points, ni parce que nous aurons accumulé des biens terrestres et engrangé de la respectabilité. Non ! Nous entrerons dans la vie éternelle à proportion de ce que nous aurons été prêts à risquer pour avancer vers Dieu et vers les autres.
Le « laisser-passer » dans la vie éternelle est validé par l’amour de Dieu et du prochain !
Frères et sœurs, devant nous, ce matin, j’envoie en mission les guides de funérailles de notre paroisse. ACCUEILLIR, ECOUTER, PARTAGER, MARCHER AVEC, Donner à Goûter la Parole de Dieu, PARTAGER notre Espérance en la vie après la mort doit être « l’affaire de tous » et de toute la communauté paroissiale, dont quelques-uns parmi nous ont mandat pour notre paroisse. Je vous propose, en cette fin de prédication, d’écouter maintenant Bénédicte, coordinatrice de la pastorale des funérailles de notre paroisse.
P. Patrice Marivin