Surprenante et magnifique visite du Pape en Indonésie ces derniers jours, les « périphéries » si chères au Souverain Pontife. 7 millions de catholiques sur une population à 88 % musulmane !
Le Pape François a apporté une chaleur consolatrice et un soutien moral primordial à une époque où la démocratie indonésienne s’est affaiblie !
« Les périphéries » : nous y sommes dans l’Évangile ! Jésus est en Décapole. La Décapole en grec (Decapolis) ce sont 10 villes situées à l’Est du lac de Tibériade, 10 villes fortement influencées par la culture grecque et les anciennes religions cananéennes. Autrement dit, c’est une contrée hors du monde religieux.
La scène se déroule dans le monde tel qu’il est, avant que l’influence de la prédication de Jésus ait pu se faire sentir. C’est un monde où Dieu est mal connu et peu aimé, mais où, bien des gens, tous peut-être, aspirent à vivre davantage et à guérir.
Je voudrais, avec vous, relever quelques points essentiels de cette prodigieuse page d’Évangile :
La guérison du sourd-muet que rapporte Saint Marc peut interroger … et nous mettre mal à l’aise, comme si Jésus en faisait un peu trop. On l’a vu souvent imposer les mains, ou seulement guérir par l’autorité de sa parole. Mais ici, sans retenue, Il prend le sourd-muet à part, puis Il lui touche les oreilles et Il lui pose de la salive sur la langue.
Pourquoi Jésus s’engage-t-Il à ce point dans cette relation ? Sans doute veut-Il une guérison en profondeur.
Revoyons la scène depuis le début ; elle se déroule en 5 étapes :
- Au point de départ, c’est la foule qui a permis à cet homme sourd et qui, en plus, avait de la difficulté à parler, de rencontrer Jésus. Lui ne demande rien de spécial. Seulement que Jésus pose la main sur lui. Cette foule est l’instrument, le canal, le moyen pour que la rencontre puisse avoir lieu.
- Question ce matin : sommes-nous de cette foule, qui facilite et qui permet que d’autres qui ne connaissent pas encore le Christ, puissent avoir accès à lui ?
- Sommes-nous, tous et chacun, des passeurs d’Espérance ? Par notre manière d’accueillir, d’être, de vivre et d’agir ?
- Ensuite, Jésus emmène l’homme à l’écart, par discrétion sans doute, car Il ne veut pas passer pour un guérisseur et aussi parce que la bonté de Dieu ne se distribue pas sous les projecteurs, mais hors de la foule, hors du sensationnel.
Rappelons-nous que dans l’Ancien Testament, au livre d’Osée, Dieu emmène son peuple à l’écart pour « parler à son cœur ». C’est à l’écart que nos rencontres avec Jésus deviennent plus personnelles et que notre foi qui, au départ, est communautaire devient une rencontre vraie, silencieuse, transfigurante et transformante.
- Puis Jésus touche le sourd-muet avec ses doigts, sa salive, et, avant de prononcer la parole de guérison, Il lève les yeux vers son Père et Il gémit comme s’Il prenait sur lui le mal qui emprisonne dans le silence la vie de cet homme depuis tant d’années. Toutes nos maladies suscitent en Jésus une compassion, un gémissement, une émotion. Jésus n’est jamais indifférent à nos maladies.
- Puis, Il prie intensément son père, car Il sait que c’est du Père qu’Il tient son pouvoir de guérir. Jésus ne fait rien de lui-même, « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père ; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. » (Jean 5,19)
- Enfin, Jésus dit « Effatà », ouvre-toi ! Il aurait pu dire : « Entends ! Parle ! ». Merci à l’Évangéliste Marc de nous avoir rapporté cet « Effatà », comme un autre jour, il nous rapportera « Talitha Koum » (« Lève-toi »).
Jésus veut que nous nous dressions sur nos pieds et que nous nous « ouvrions ». Aujourd’hui, Jésus réalise sur nous ce geste du toucher et dit : "Effatà" - "Ouvre-toi !" pour nous rendre capables d'entendre Dieu et pour nous redonner ainsi la possibilité de Lui parler. Prenons cet appel du Christ très au sérieux !
À chacun de nous, le jour de notre baptême, le Christ nous a dit : « Je t’ouvre les oreilles, pour que ton cœur entende. Je t’ouvre la bouche, pour que ton cœur parle ». Voilà ce que fait le Christ en nous ! Voilà ce qu’Il a fait pour cet homme dans l’Évangile ! Dans cette rencontre provoquée par la foule, le Christ l’a guéri et transformé,
Si l'évangile de ce jour nous sensibilise au handicap de ceux qui sont privés de la parole et de l'ouïe, il nous aide aussi à prendre conscience des « fermetures » qui nous affectent tous, même si nous entendons et parlons correctement. Et interrogeons-nous aussi sur notre surdité à la Parole de Dieu.
Effatà ! est certainement le message à retenir pour ce dimanche.
- Ouvre-toi au Seigneur, à sa Parole, à son amour !
- Ouvre-toi à ta famille, à ton conjoint, à tes enfants. Écoute-les ! Parle-leur distinctement le langage de la tendresse, de l'affection, de la foi !
- Ouvre-toi aux problèmes de ce temps, au lieu de rester emmuré dans tes habitudes, et ton milieu social !
- Ouvre-toi aux handicapés dans leur corps ou dans leur cœur, aux blessés de la vie, à ceux qui n'ont pas la parole ou que personne n'écoute !
- Ouvre-toi à l'Église, à son avenir ! Ouvre-toi à ceux qui se sentent exclus ou très loin d'elle !
- Souviens-toi de l'Effatà de ton baptême ! AMEN