12ème dimanche du Temps Ordinaire (B)
Avec les pluies diluviennes que nous avons eu ces derniers jours, on se serait bien passé de textes qui nous parlent de tempêtes ! C’est sûrement une occasion pour nous, de nous sentir encore plus concernés par la Parole de Dieu de ce dimanche.
J’ai beau, comme vous, connaître cet évangile de la tempête apaisée, je suis toujours surpris de la manière avec laquelle Jésus réagit. Déjà, constater qu’il arrive à trouver le sommeil au cœur d’une tempête et surtout de voir l’innocence avec laquelle il interroge ses disciples : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? ». On imagine l’état dans lequel se trouvait ces pauvres disciples : avoir eu la peur de se faire submerger par les flots puis la stupeur de voir que Jésus commande à la mer et aux vents. Et voilà que Jésus, tout tranquille, leur demande pourquoi ils sont si craintifs. Il y a de quoi vivre l’ascenseur émotionnel avec de tels événements ! On peut presque en venir à se poser la question de savoir si Jésus vit sur la même planète que ses disciples…
Une fois que le calme est revenu nous pouvons prendre le temps de rentrer dans la compréhension de ce qu’a fait Jésus. Il agit de cette manière, justement pour faire réagir ses disciples et nous aussi par la même occasion. Il veut nous déplacer dans ce qui peut nous paraître évident. Nous sommes au début de l’Évangile de St Marc et Jésus veut créer cette stupeur qui permet la remise en question de ce qu’on croyait évident pour s’ouvrir à ce que Dieu veut nous apprendre.
Effectivement, Jésus utilise des contrastes forts pour nous faire prendre conscience que comme dira St Paul : ce qui se voit est provisoire et ce qui ne se voit pas est éternel. La tempête qui se voit est provisoire alors que la foi qui permet de la traverser est éternelle.
Cela nous pose une première question : Comment réagissons-nous au cœur de la tempête ? Nous traversons tous des tempêtes et le propre de la tempête est de nous balloter pour nous faire perdre nos repères et nous sentir abandonnés. L’Évangile de ce dimanche nous dessine un chemin pour nous aider à traverser les tempêtes de nos vies.
La première étape, c’est d’avoir la foi que Jésus est au cœur de la tempête avec nous. Le Seigneur ne nous abandonne pas au plus fort de l’épreuve car il a embarqué avec nous au jour de notre baptême. Aucune tempête ne pourra le faire descendre de notre barque. Nous avons foi en un Dieu qui se fait proche, un Dieu qui s’est fait l’un de nous pour que nous devenions semblables à lui.
La deuxième étape, c’est d’oser demander de l’aide à Jésus. Nous savons que Jésus est avec nous dans notre barque, mais il est « au fond de la barque ». Il faut donc que nous fassions un pas vers lui, pour aller à sa rencontre. Ce pas, est propre à chacun et personne ne peut le faire à notre place. C’est le pas de l’humilité, de dire à Jésus : je n’y arrive plus, c’est trop dur, viens à mon aide ! Cette demande, formulée du plus profond de notre âme, ne pourra que toucher le cœur du Seigneur.
La troisième étape, c’est de laisser Jésus agir à sa manière. Bien souvent nous arrivons à franchir les deux premières étapes mais nous bloquons à la troisième car en demandant de l’aide à Jésus, nous lui imposons aussi la manière dont il doit nous aider. Nous devons, au contraire, le laisser complètement libre d’agir selon sa volonté. C’est-à-dire que nous devons nous abandonner à sa volonté. C’est en laissant les commandes de notre barque à Jésus qu’il pourra agir pleinement dans nos vies.
Voilà le déplacement que Jésus nous invite à vivre aujourd’hui. Toute notre vie terrestre consiste nous laisser conduire par Jésus pour passer sur l’autre rive. Passer du regard humain sur les choses au regard éclairé par la lumière de la foi. La foi change tout, la foi transforme tout. Les tempêtes seront là mais notre barque les traversera car le Christ est à bord. Ce passage c’est celui de notre pâque, commencée au jour de notre baptême et qui s’achèvera au soir de notre mort. Nous pourrons alors enfin accoster sur les rives de l’éternité où il n’y a plus de tempêtes. Amen.
Père Thibault de Bruyn