Dimanche de la Miséricorde
« C’était après la mort de Jésus » !
Pour les disciples, la mort de Jésus marque la fin d’une aventure exceptionnelle, car leur espérance est en miettes.
Avec le drame de la croix, une part d’eux-mêmes est morte ! Eux qui se croyaient forts, se sont découverts lâches au point d’abandonner Jésus à sa solitude, et pire encore, à l’abandonner comme un « vaincu ». Les voici emmurés dans leur honte, leur tristesse, leur amertume, leur culpabilité.
Et nous mes amis ? Dans une société aux pathologies multiples, où la vie humaine est souvent maltraitée et monnayée, comme Jésus vendu par Judas pour quelques pièces, nous sommes là « En ce premier jour de la semaine » !
Quelque chose de neuf peut-il donc advenir au milieu des ruines de notre monde et parfois de nos propres vies ? Quelque chose d’inattendu comme un parfum de création nouvelle ?
« Les portes de la maison étaient verrouillées ».
Aujourd’hui encore …. Tant de peurs, de désillusions, d’espoirs avortés verrouillent notre vie. Cette maison cadenassée ne serait-elle pas notre « maison commune » dont parle le Pape François, notre terre menacée de toutes parts ? Qui ouvrira un passage dans l’enfermement où nous nous trouvons ?
« Jésus vient, et il était là au milieu d’eux ». Rien de spectaculaire. Jésus n’enfonce pas la porte, ni ne traverse les murs. Là où tout n’était que désespérance, il est là, présent, se donnant à reconnaître par ses blessures. Comme en miroir, les disciples peuvent reconnaitre dans cet homme blessé, leurs propres blessures, leur radicale incapacité à suivre Jésus jusqu’au bout.
« La paix soit avec vous ». Aucun reproche mais une immense compassion. Cette paix offerte par le Ressuscité atteste que ce qu’il avait promis est réalisé, le Royaume est là.
« Le royaume de Dieu ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint. » (Rm, 14, 17).
Le crucifié-ressuscité vient nous réconcilier avec nous-mêmes. Il ouvre un avenir possible. Nous ne sommes pas condamnés par nos infidélités, nos lâchetés. Jésus nous rejoint là, au cœur de notre humanité blessée.
Il est grand le mystère de la foi ! Pour les disciples du Ressuscité, la mort n’est plus un spectre effrayant qui se dresse en face d’eux, mais un passage avec Jésus et par Lui, vers la joie du Ciel déjà ressentie dans notre cœur.
Accepter d’être mortel, consentir à perdre ses forces peu à peu sans amertume ni nostalgie, accepter de dépendre et d’être fragile, s’abandonner entre les bras de ceux qui nous entourent et se laisser attirer vers Dieu. Tout cela n’est pas du néo-romantisme, ni une incitation à la résignation. C’est le vrai combat de la vie : il nous conduit à nous laisser désarmer, en traversant parfois des vallées de larmes, pour ne tenir que dans la véhémence de l’amour, dans la paix du cœur et le bonheur d’être vivant !
C’est un atout que d’être disciple du Ressuscité ! Non pas pour être en surplomb du reste du monde, mais pour être mieux ajusté, mieux éclairé sur les fins dernières. Car, celui qui vit avec le Christ ressuscité porte un regard distancié sur le monde qui passe et sur sa propre vie.
- Il sait relativiser les évènements et discerner les situations périlleuses ;
- Il est critique à l’égard de ceux qui cherchent à lui « faire prendre des vessies pour des lanternes ».
- Il ne se satisfait pas des décisions qui sont prises lorsqu’elles abîment la dignité de l’homme, dégradent la justice et fait fi des fragilités de toutes sortes.
- Il sait voir l’éternité de Dieu au cœur du temps, et cela le libère de la peur de mourir.
Celui qui vit en disciple du Ressuscité est loin du triomphalisme, parce qu’il sait que sa vie passe toujours par la Croix. Personne ne peut se soustraire aux difficultés de l’existence, mais chacun doit sans cesse, comme l’apôtre Paul se poser la question :
- Est-ce que je mène le bon combat ?
- Est-ce que mes priorités sont celles de l’évangile ?
- Est-ce que la trajectoire de ma vie est guidée par l’Esprit Saint, qui me demande d’aller de l’avant, et d’habiter le réel de la vie. « Pieds sur terre ! » Pas toujours folichon certes, mais c’est un réel concret, rejoint et sauvé par Dieu.
Qu’il est bon d’habiter un monde où le Dieu de la Vie a établi sa demeure à jamais.
«Il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint ».
Ne perdons ni notre temps, ni notre Espérance ! Le Christ est vivant et il nous veut vivant et il nous recrée par le souffle de son Esprit ! Le Printemps pascal rend le disciple-missionnaire résistant, tenace, courageux et joyeux !
« Seigneur Jésus, Ressuscité,
Aujourd’hui encore,
Tu viens à notre rencontre :
« La Paix soit avec vous »
Donne-nous d’accueillir cette paix que tu nous donnes au cœur même de notre époque troublée.
Donne-nous d’accueillir ton Esprit qui fait de nous des missionnaires de ta Miséricorde ! »
AMEN.
P. Marivin