Homélie du 28 mars 2024

Homélie Jeudi Saint 2024

28 mars 2024 Cathédrale de Vannes

Chers amis,

C’est aujourd’hui la fête de l’institution de l’Eucharistie, celle aussi du sacerdoce. Récemment un enfant de la paroisse me posait cette question : « que veut dire « être prêtre » ? » Bien sûr on peut répondre par ce que fait le prêtre, la manière dont il vit, le célibat auquel il s’engage, les gestes qui sont propres à son ministère : présider au sacrifice eucharistique et donner, au nom de Dieu, le pardon des péchés. Enseigner, gouverner, sanctifier : ces trois charges qu’il exerce au service du peuple de Dieu et de l’humanité entière vers laquelle il est envoyé. Tout cela est juste et il est bon de nous le rappeler en ce jour si particulier. Avant-hier, ici même, lors de la messe chrismale, nous autres les prêtres, avons renouvelé les engagements de notre ordination ! Puissions-nous toujours vivre notre ministère comme au premier jour, dans l’action de grâce, individuelle et collective, pour le chemin parcouru, et la confiance offerte pour la suite de la route.

Cependant, cette fête n’est pas seulement celle du sacerdoce, mais celle de tout le peuple chrétien. En cette période où le Saint Père nous invite à approfondir le thème de la synodalité et de la collaboration précieuse laïcs-prêtres, il nous est bon d’y revenir pour mieux comprendre aussi la grandeur du ministère particulier que Jésus nous a confié. Le sacerdoce est un moyen institué par Jésus au service d’une mission qui est d’abord la sienne, dont nous sommes tous et chacun les collaborateurs, dans la diversité des charismes et des états de vie.

Depuis 8 ans que je suis parmi vous comme pasteur de notre paroisse cathédrale, je redécouvre un appel fort au cœur de la mission : « Servir la joie du Christ ressuscité dans toutes les rencontres ». « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir », dit l’Écriture (Ac 20, 35).

Nous sommes tous appelés à cette joie du don, parce que nous avons été créés par amour, pour aimer et nous aimer les uns les autres.

L’amour est une réciprocité, « vous devez vous laver les pieds les uns les autres, vous devez vous aimer les uns les autres, comme je vous ai aimés. »

Chacun est capable de donner parce qu’il est habité du désir de pouvoir se donner. C’est la définition de l’amour que donnait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : « Aimer, c’est tout donner, et se donner soi-même ».

• Jésus a donné sa vie aux hommes pour que tous aient part à son amour.
• Jésus par le don de sa personne a introduit l’humanité dans l’amour trinitaire, où tout est don réciproque.

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13).

Tout spécialement ce Jeudi Saint, comme à ses premiers disciples, Jésus nous enseigne ce chemin de la joie de l’amour par le moyen du don réciproque : « Aimez-vous toujours les uns les autres. Faites tout en commun : une seule prière, une seule supplication, un seul esprit, une seule espérance dans la charité, dans la joie irréprochable ! » (St Ignace d’Antioche)

Chaque jour, je découvre avec vous, que ma mission de prêtre ne peut pas être solitaire. Elle est interactive : « me donner, pour vous aider à vous donner ! »

C’est ensemble, dit l’Apôtre Pierre, que nous sommes appelés à « devenir le sacerdoce saint », un « sacerdoce royal ».

 Le jour de notre baptême, nous avons reçu une onction qui a fait de nous des « prêtres », des « prophètes » et des « rois ». Le sacerdoce de tous les baptisés consiste à se mettre au service de l’offrande que Dieu fait de lui-même, et de l’offrande de tous en réponse à ce don : « Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus-Christ (1 P 2,5).

Les prêtres, choisis par Dieu au sein de ce « peuple sacerdotal » sont institués pour servir, accompagner, faciliter cette mission commune de tous les baptisés. Aussi, plus que tout autre, le prêtre doit s’efforcer de vivre, non comme celui qui sait, mais comme celui qui sert ; témoin émerveillé et facilitateur de l’offrande de chacun, en habit de service, à la suite de Jésus « qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir, et donner sa vie gratuitement pour la multitude » (Mt 20, 28).

Serviteurs de cette mission de Dieu, nous le sommes sur l’autel de la vie quotidienne et sur l’autel de l’Eucharistie. Ne séparons jamais l’un de l’autre. Jésus se fait proche en chacune de nos journées, sous le visage du frère, en commençant par le plus petit et les plus vulnérables.

• L’autel de la vie quotidienne est celui où nous rencontrons Jésus dans le visage des autres : une rencontre vécue comme sacramentelle, appelée à se prolonger en contemplation du mystère de l’autre, de tout autre, pour sa vie, bref, en eucharistie.
• L’autel de l’Eucharistie est le lieu où culminent toutes ces rencontres, en Jésus, qui dans l’offrande de sa vie, les présente au Père en ouvrant le chemin de la rencontre avec lui. Chacune de nos eucharisties est une messe sur le monde, sur notre pays. Nous y apportons toutes les germinations, toutes les souffrances et toutes les espérances !

Chers paroissiens, en ce Jeudi Saint, je voudrais dire MERCI à Dieu pour chacune de vos vies, dire MERCI à Dieu pour l’offrande quotidienne de vos vies, par la prière, le service, les rencontres, autant de lieux où s’exerce et se prolonge la mission de Jésus.

Durant le Temps Pascal, nous lancerons des appels précis pour répondre aux défis missionnaires de notre paroisse ! Chacun a un talent, un charisme, une mission qui l’attend. Vous connaissez la devise de votre curé : « A tous, on peut tout ! ».

À la suite de Jésus qui se donne à chaque instant au Père pour que tous nous puissions être en lui « une vivante offrande à la louange de sa gloire ». AMEN.