Mes amis,
Mardi dernier, ensemble, nous avons contemplé la belle figure de la Vierge Marie en son Assomption ! Par sa foi, son «oui » au projet de Dieu, sa simplicité, sa confiance, par sa présence fidèle et discrète, par son actuelle vigilance et sa prière dans la joie du Ciel, elle nous fait grandir joyeusement à la suite de son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ.
Aujourd’hui, ceux qui ont une oreille attentive et un cœur ouvert, auront remarqué la belle figure féminine de l’Evangile que nous venons d’entendre. Une femme cananéenne. Un visage touchant et tellement délicat ! Elle demande la délivrance du mal pour sa propre fille. Dites moi, combien de femmes, et peut-être parmi nous, espèrent tant que leur enfant soit sauvé : du démon de la drogue, de la maladie, de l’ignorance ou du mépris des autres. Combien tournent les yeux aujourd’hui vers la promesse d’une guérison et d’un salut pour leur enfant ?
Nous les confions à Dieu !...
La scène évangélique se déroule au nord de lac de Tibériade, non loin du Liban, aux frontières d’Israël. Nous sommes aux périphéries pour reprendre le mot chéri du Pape François. Périphéries géographiques et existentielles ! Cette femme, nous l’avons dit, est syro-phénicienne, elle n’est pas juive, et elle va sortir de son territoire, comme si elle sortait de ses limites. Son parcours géographique est le symbole de sa demande spirituelle : trouver hors de son territoire quelqu’un qui peut sauver son enfant !
Cette femme dit trois choses impressionnantes :
- Une demande de miséricorde, comme on en demande à Dieu, pas à un homme.
- Un cri vers le « Fils de David » qui est une expression judaïsante, messianique.
- Et un appel pour sa fille, uniquement pour sa chère fille.
Cette femme, dont on aimerait tant connaître le prénom, est certes une figure de maman qui pleure, mais aussi je crois, le symbole des femmes qui croient. Elle est l’image de tout cette humanité qui attend quelque chose de Jésus-Christ.
à elle seule, elle est un peuple, elle est un monde : le monde des chercheurs de Dieu ! Elle persiste, elle insiste, elle se fait têtue et tenace dans sa demande. Elle provoque, et son amour est en train de mettre au monde sa foi.
Et Jésus avant de l’exaucer, va faire preuve d’une certaine pédagogie. Il lui fait comprendre, dans un dialogue assez saisissant et contradictoire (les miettes et le pain) qu’il y a un temps pour tout ! Il y a l’heure d’Israël, puis il y a l’heure des païens. Il y a un commencement : la Parole donnée à Israël. Il y a une fin : la Parole donnée à tous.
Et merveille… Ce dialogue entre Jésus et cette femme vient initier la toute jeune communauté chrétienne à s’ouvrir aux nations et aux païens !
Et merveille… Le cri d’amour et d’espérance de cette païenne fait bouger la représentation même que Jésus se fait de sa mission !
Trois points d’attention pour terminer ! Trois repères pour notre foi :
- Le Peuple des croyants que nous sommes est invité à écouter la Parole, à manger la Parole non pas comme des miettes, mais comme un vrai repas. Goûter et savourer cette Parole qui nous fait grandir et vivre !
- A l’image de notre femme dans l’Evangile, nous sommes invités à tenir bon au cœur des épreuves, avec courage et humilité ; à garder la force de demander la guérison pour nous-mêmes et pour ceux qui nous sont confiés. « Par cette Parole, va. Ton enfant est sauvé ».
- Le Pape François parle souvent des périphéries géographiques et existentielles. Notre récent festival missionnaire nous a donné à comprendre l’importance de rejoindre, d’écouter, de nous approcher et de dialoguer avec celles et ceux, qui peuvent nous apparaitre différents, mais qui attendent, aussi, la Parole et un Salut.
« En ce moment historique, les défis sont énormes et les gémissements nombreux mais nous embrassons le risque de penser que nous ne sommes pas en agonie mais en accouchement » ( Pape François aux JMJ ).
AMEN !
P. Patrice MARIVIN