Solennité de la fête de saint Vincent Ferrier
Il y a 604 ans, le 5 avril 1419 au matin, Place Valencia, Vincent Ferrier, entouré de quelques amis, quittait ce monde terrestre et entrait dans ce Ciel qu’il avait tant et tant prêché et espéré !
Des siècles plus tard, le Patron principal de notre ville de Vannes, le patron secondaire de notre diocèse de Vannes a, je crois, de part son style de vie et son authenticité spirituelle, encore beaucoup à partager et à nous apprendre.
Les saints que nous vénérons, quelle que soit l’époque où ils ont vécu, ne sont pas démodés ni archaïques. Parce qu’ils sont hors du temps ils sont établis à jamais dans l’éternité de Dieu. C’est pourquoi, ils nous diffusent toujours leur lumière, leur force, leurs vertus, leurs aptitudes. Ils ne sont pas loin nous, mais, auprès de nous et ils nous indiquent le chemin qui mène au Royaume.
Soyons fermement convaincus que Vincent Ferrier est auprès de nous comme un ami, un grand frère et un pasteur. Plus que jamais, Vincent est un pasteur pour notre paroisse, notre diocèse et notre Eglise.
Pourquoi ?
Toute sa vie, Vincent, qui est dominicain, et qui appartient donc à de l’Ordre des Frères Prêcheurs, n’a cessé de vouloir être un apôtre de l’Evangile. Formé aux meilleures écoles dominicaines de son temps, Vincent a hérité de l'esprit de son Ordre. Il vécut un authentique apostolat de la Parole.
« Pendant les vingt dernières années de sa vie, il prêchait tous les jours deux ou trois heures, parfois plus. Toute circonstance lui était bonne, tout auditoire lui convenait. Il prêchait à la ville, il prêchait à la compagne, dans les églises, plus souvent encore sur les places publiques, car on venait de loin pour l'entendre … » (Cf Sur les pas de Vincent Ferrier- Jean Le Dorze- 2011 )
Ne rêvons pas ! Même si aujourd’hui, le Pape François nous invite à réinventer une « Nouvelle Evangélisation », à la Lumière de la Joie de l’Evangile, il est peu probable que nous ayons un jour, une foule à nos pieds !
Mais peu importe, Saint Vincent Ferrier nous montre la route à suivre pour annoncer à temps et à contre-temps le message d’amour du Christ pour tous les hommes.
La vie missionnaire de Vincent Ferrier fut novatrice par son ARDEUR, ingénieuse par ses METHODES, féconde par son LANGAGE ! En cela, l’apôtre devançait déjà ce que l’Eglise dit aujourd’hui : « L’histoire de chacun éclaire son présent. »
Novatrice par son ARDEUR
La vraie joie de Vincent réside dans sa rencontre personnelle avec le Christ Ressuscité le 3 octobre 1398 à Avignon. Au cours la grave maladie qui était sur le point de l’emporter, il reçoit d’une façon distincte, dans une vision, la mission d’aller prêcher dans toute l’Europe le message d’amour du Christ. On ne peut réellement évangéliser que si on a fait une rencontre personnelle avec le Christ comme Chemin, vérité et vie. Le Christ donne son ardeur et sa joie à ses disciples
- Quel contact réel entretenons nous avec le Christ ?
- Comment nous laisser renouveler constamment par le Ressuscité pour faire de Lui le Maitre de notre existence ?
- Est-il vraiment pour nous le Chemin, la Vérité et la Vie ?
Notre mission pastorale ne peut être authentique et féconde que si elle est le débordement d’un cœur qui aime, le témoignage de l’amour de Dieu reçu et communiqué. Le « disciple-missionnaire » est d’abord disciple. Ardeur de l’authenticité de notre vie de foi !
Ingénieuse par ses méthodes
Dans son Traité de la Vie spirituelle, Vincent Ferrier énumère toutes les vertus qu’il convient de cultiver pour demeurer fidèles à l’Evangile. Il souligne en particulier la vertu d’humilité qu’il faut tenir vis-à-vis de soi-même, de Dieu et du prochain, car sans humilité, les querelles s’installent. C’est ce que l’on observe dans le passage des Actes des Apôtres que nous avons entendu à l’instant. Les premières communautés grandissent et les rivalités pointent le bout de leur nez parce qu’il y a des jalousies et qu’en plus, il faut se réorganiser pour rester fidèles aux objectifs fixés : fidélité à la prière et à la Parole de Dieu.
Nous aussi, aujourd’hui, nous avons à discerner nos priorités spirituelles et pastorales pour SERVIR l’évangile avec des méthodes simples et adaptées à notre temps !
- A quelle conversion missionnaire sommes-nous invités ? Ce n’est pas en accumulant les moyens matériels, les richesses, les stratégies (même s’il en faut…), la logique de puissance ou les influences mondaines que nous pourrons répondre à notre vocation baptismale. C’est en entrant dans la fécondité du don : le service ! L’Evangélisation suppose la logique du don de soi plus que la richesse des moyens utilisés.
Féconde par son langage
Vincent Ferrier, venu d’un autre pays, d’une autre culture, parlant une autre langue, se faisait comprendre 4 heures durant en prêchant Place des lices ! Miracle ? Mystère de la foi ! Il parlait sans doute le langage de l’amour ! « Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ».
- Comment dire cela d’une manière simple aujourd’hui à nos contemporains ?
Vincent Ferrier savait écouter et surtout savait s’adapter au contexte dans lequel il arrivait. Dans sa nouvelle vie de missionnaire itinérant, il rencontrait désormais des populations hétéroclites sur leurs lieux de vie et à travers leur culture paysanne … et cependant, il n’était pas pris au dépourvu, parce qu’il laissait le Christ parler en lui.
- Comment annoncer Jésus-Christ à ceux qui ne le connaissent pas encore ici à Vannes ?
- Comment rejoindre les parents d’élèves de nos écoles, les parents du caté, les parents qui demandent le baptême pour les enfants ?
- Les rejoindre, les écouter, leur nommer Jésus-Christ avec des mots simples profonds à la fois ? Leur donner une « place » en notre communauté ?
Avec Vincent Ferrier, prenons aujourd’hui la décision de nous laisser renouveler en Jésus-Christ pour travailler à la construction de l’unité de l’Eglise.
Disons-le pour terminer. L’unité de l’Eglise a été le principal souci de Vincent Ferrier. Le contexte ecclésial de son époque n’était guère plus brillant que le nôtre aujourd’hui. Parler de communion avec Vincent Ferrier, c’est tenir le langage de l’unité, de la cohérence et de la cohésion. Pour des chrétiens, et pour notre paroisse, c’est une vérité fondamentale.
Réjouissons-nous ! Saint Vincent Ferrier n’est pas un homme du passé ! Il intercède pour nous dans la Joie du Ciel ! Demandons-lui pour notre paroisse l’ardeur, les méthodes et le langage adéquat pour vivre et annoncer la Bonne Nouvelle du Christ. AMEN.
P. Patrice MARIVIN